Armand Vaillancourt

C’est une façon de sentir, c’est une façon de rester debout. J’ai besoin de la sculpture pour m’exprimer, comme un autre a besoin d’une femme pour vivre avec lui, un autre aura besoin d’argent pour manger à tous les jours, moi, pour nourriture intellectuelle, afin de continuer à rester ferme dans ma pensée et pour ne pas me perdre dans mon existence, j’ai besoin de cette orientation qui est mon art. C’est personnel à moi, je ne force personne à approuver mon travail ou à l’accepter mais je crois avoir assez d’énergie pour arriver à me définir dans mon travail, dans ma sculpture, et j’ai aussi la volonté de me battre pour exprimer cette pensée, car je crois en ce que je fais (6). Ce n’est pas par hasard que j’ai choisi le métier de sculpteur.  C’était pour marquer mon époque à ma façon.  Je l’ai fait par la parole, le geste, par mon engagement sans équivoque pour la vie, pour l’amour de mes semblables

Les matériaux avec lesquels je travaille (8)

Mes premières préoccupation d’être humain, en tant que créateur, remontent loin en arrière jusqu’à ma prime jeunesse (1). Mon enfance a été très riche, et c’est là que je suis devenu si on peut dire poète ou sculpteur (2). On était très près de la nature, très près des animaux et évidemment très près de nous-mêmes aussi.  La nature a été pour moi un gage d’énergie et de poésie qui ne m’a jamais laissé

Asbestos

 Force

cenotaphe

Quand je suis rentré à Montréal, j’étais un petit fermier, quoi que j’avais beaucoup écouté Radio Collège, une émission extraordinaire de Radio-Canada où il était question de philosophie, d’engagement social, de littérature, d’arts visuels, etc. Je pensais naïvement que c’était l’harmonie entre les formations culturelles et j’ai vu que ce n’était pas ça du tout. Je n’avais ni atelier ni argent alors je me suis inscris à l’école des Beaux-Arts. J’avais à la même période déjà commencé à voyager à travers l’Amérique en auto-stop. Je partais avec 25-50 piasses dans mes poches, je passais trois semaines à un mois sur la route, l’hiver en plus et je me disais que si à 20 ans – 25 ans je ne pouvais pas me démerder, qu’est-ce que je ferais à 50 ans? (4). J’ai parcouru toute l’Amérique (110 milles miles) et j’y ai visité les usines dans chaque ville ainsi que tous les musées, et j’étais scandalisé, entre autres de constater le traitement injuste face aux Noirs d’Amérique… ainsi que celui appliqué par les Blancs aux Indiens

Ce qui nous entoure, ce que la planète contient, l’air, l’eau, le vent, les plantes, les déserts, les forces volcaniques, la lave, la matière créée par l’homme, le béton, les aciers, le bronze, l’acier inoxydable, les matières périssables, comme le boire, la glace, les bulles. Les matières non palpable, le bruit d’un glas, les cloches, la senteur d’une poubelle vieille dans une ruelle, un jardin de pétales de roses, les odeurs humaines agréables et désagréables, le toucher, la matière que l’on dit inerte, les températures du chaud au froid glacé de ces milliers de sons et d’odeurs du centre-ville, silences chargés d’émotion d’un éveil la nuit.